Huit chaises huit micros huit voix

4 10 2008

Il y a des gens qui se tiennent tout entiers au bord de leurs yeux. Ils surgissent de là. Cela ne dépend de leurs qualités intérieures, peut-être d’autres, plus riches intérieurement, ont un regard qui n’arrive pas jusqu’à la pupille, il s’arrête avant, on ne sait où, que sais-je, au diaphragme, à la poitrine, ou quelque part dans leur tête. Je ne sais pas comment vous voyez, mais votre regard se voit tellement. Vous êtes totalement là, au bord de vos yeux. Daniele del Giudice in Dans le musée de Reims (Récit), collection « La Librairie du XXIe siècle » aux éditions du Seuil, p.38

Le rire et le chignon d’A. La convulsion silencieuse des fauteuils rouges de l’auditorium. Sont-ils rouges. Question. Son feutre de gorge, la circonspection de son sourcil gauche, son mouchoir et la foule nombreuse qui n’y prête guère attention. Mes petits yeux emmitouflés de fièvre la regardent s’asseoir, l’appellent du bout des cils. Peine perdue. L’approche est pour plus tard.

Adoncques avant-hier déjà commençait le premier Jeudi de l’OuLiPo de l’année dans l’auditorium de la BNF, à 19: – Notes éparsemées – les citations sont d’oreille, de mésentente, des « mal vu mal dit » en quelque sorte mais prises au corps. Celui des doctes comme pas. Comme un âtre en plein Paris. A droite des spires – deux hommes et une femme prennent scène – chacun des huit dira des textes, les siens ou ceux d’absents – l’ombre de Roubaud est palpable – le thème est « en pleines formes » – retour de vacances et récession obligent – Hervé Le Tellier – on lit des textes de François Caradec, des parapèteries – des contrepèteries qui n’en sont pas – ouïes : « La femme de l’archéologue aime les fouilles sérieuses. » – « Messaline se fit mettre un col de loutre sur la nuque. » – Une oulipienne, Michelle Grangaud, prend parole – Pantoum alors tôt graph – « Là-bas lance des cendres » – puis un homme, Jacques Jouet, lit un poème de lui qui paraîtra sous peu, intitulé MRM, Marie-Renée Morin – tercets – Dante – ABABCBCDC – poème-portrait – répétition de mots – évoque Les Enervés de Jumièges – tout est lié – Beatrix Beck en forme de lui – l’ami d’A. a les mêmes petits papiers blancs que moi lorsque je notais le jour chez Gibert – le lieu cet auditorium me rappelle la soirée de lectures consacrées à la ville et à son écriture à laquelle j’ai assisté avec Je. un beau soir un très beau soir – je ne sais pourquoi j’ai les yeux gourds ce soir mais il faut continuer – Elisabeth C. que j’ai vue avec A. conte aussi l’avant-hier – je ne lis pas beaucoup de blogs – j’ai découvert le sien grâce à A. – l’étreinte, une nouvelle contrainte de Paul Fournel : ABCDEFFEDCBA – Ian Monk : 6-6-6 : « J’étais réaliste-magique, tu étais Amélie Nothomb, on n’a pas baisé non plus. » – et cet accent : eau-de-wose – « Le silence déprimé du père comme l’odeur d’un marginal avec un ou quatre coups de trop dans les veines de son nez. » – « L’engueulade de la patronne s’écoule comme fleuve dans les Alpes. » – « Les intellectuels aussi chiants que les bouquins de merde. » – « couilles », « connards », « TVA », « de mes deux » – n’en suis pas vraiment amateur – commençait comme Ginsberg – fini comme du rap sans verve aucune – pas assez de violence – Le Tellier et sa réécriture d’une phrase impossible à dire – « réécrire cette phrase ne me rendrait pas satisfait. » – quelques-unes des trente-neuf – légendes de dessins non accompagnées de dessins » – « Deux enfants dont un garçon et une fille » – « Newton sous un pommier en fleurs » – « Francis Lalanne habillé en conchyliculteur » – « Auditeurs de France Culture écoutant depuis toujours RTL par erreur » – « laboureur sans enfants ne se sentant pas très bien » – « deux enfants dont un garçon et une fille » – « Landru achetant de la litière pour chat » – n°29 « Amibe très divisée sur son avenir » – « grand président d’1,57m essayant d’en remontrer à un petit-bourgeois de 2m » – n°33 « Exhibitionniste pudibond » – pénultième : « Femme trompée par son propre mari » – Olivier Salon en alexandrins dodus – le dernier ferait-il treize syllabes – La disparition en creux et Sa réapparition – ses « embauchoirs » – Les Fleurs du Mal font selon lui référence aux grands pieds du grand poète (1,91m) qui le faisaient souffrir atrocement – comprendre « les cors aux pieds » – « Je m’en allais les pieds dans mes grolles crevées » – « Si tristes sont les cors le soir au fond des grolles » – « les doigts de main plus près du coeur que du sol » – part du vers monosyllabique de Phèdre : « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon coeur » pour arriver à un ouvrage d’un critique apocryphe « Tom ou les mots les moins longs » – « les vers de feu…les verrières…les verrues…lance des glaciers fiers…les vers-gorilles…les vers singes et Torix…les vers-tugadins…certains dangereux vers-luisants…vers-Tergal et vers-laine » – poème en anagramme de Michelle Grangaud – un autre homme et ses sonnets plats – n’accroche pas vraiment sauf sur le dernier et un « Tout est monticule, le moindre paillasson » – « Accroché(e)(s) aux jup(e)(ons) de l’instant » – Paul Fournel se déclare « Président de tous les oulipiens de la Communauté européenne » – la France étant au sommet d’icelle jusques à la fin décembre – puis propose des Chicagos sur les villes européennes – à l’oubli : « Belle-fille poivre » – Bruxelles – « Brillant village » – Strasbourg – « La remembrance, Annie » – Ljubljana – « Réjouis-toi mec » – Riga – une réponse donnée par A. (si, l’ai entendue) : « Robes, Léa » – Manchester – « Moïse-grippe » – Budapest – « courbe manche cinq manouche » (oui, il manque à chaque fois la suite) – réponse : Traité de Rome – une heure dix-sept plus tard en sommes hors – vois A. au sortir – me présente – parle d’une pizzeria – elle a fermé – oui mais rue du Chevaleret il en est une autre – une dame a pris les derniers Chicagos – sourire – retour par le 89 – K.

Publications récemment parues ou à : Jacques Jouet, MRM, P.O.L., dont il nous a lu des extraits et qui sort jeudi prochain; Les Lilas, dessins et aquarelles de Jean-Jacques Lapoirie aux éditions Plurielle (je note ce que j’ai pu lire sur le rétroprojecteur); la revue Supérieur Inconnu – avec un dossier sur la vie rêvée – et un commentaire d’Olivier Salon sur Booz endormi.

Je prends Les nouvelles d’Archimède n°49 – des articles très intéressants sur l’histoire de la thermodynamique, un paradoxe mathématique et deux vers semblant de prime abord imparfaits chez Mallarmé. Où l’on constate d’ailleurs qu’il n’en est rien.

Prochain jeudi : le 27 novembre à 19: à la BNF. Thème : « L.H.O.O.Q. »


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